Le menagement une reponse alternative au management suite à la crise de la covid

La crise de la Covid a fait basculer le monde du travail en présentiel à un monde de travail à distance. Seuls les « télétravailleurs » étaient préparés
à cette situation. Les managers, eux non plus, n’étaient ni préparés, ni formés à cette nouvelle organisation du travail. Face à cette crise qui va durer, il faut donc étudier ce nouveau contexte et inventer des mots nouveaux pour le définir et le comprendre. Afin de répondre aux enjeux de cette nouvelle organisation, imposée par la crise sanitaire, le manager doit devenir un « ménager ». Dans la mesure ou de plus en plus de managers vont être dans l’obligation de diriger leurs équipes à distance et non plus en présentiel, le management doit être remplacé par le « ménagement ».
Le « ménagement » consiste :
• à prendre soin de ses collaborateurs en prenant en compte leur contraintes personnelles ;
• à offrir plus de flexibilité et d’autonomie dans l’organisation de leurtravail ;
• à travailler en équipe de manière asynchrone ;
• à faire confiance.
Le « ménager » doit être solidaire de ses collaborateurs, de ses équipes. Être solidaire, c’est considérer l’autre avec confiance. A la différence du management, le « ménagement » est plus personnalis et orienté sur la notion d’empathie, de bien-être et de qualité de vie au travail (QVT) au lieu d’être seulement fixé sur des objectifs de productivité et de performance sociale Cette crise sanitaire, économique et sociale a montré que ce TEMPS où les gens d’en haut décidaient et ceux d’en bas exécutaient est révolu ;
• ce TEMPS où on pense en haut et on fait en bas est fini ;
• ce TEMPS où planification et exécution sont séparées est dépassé.
Le numérique et ses possibilités d’investigation et de dialogue sur le Net permettent aux collaborateurs de s’affranchir de la hiérarchie pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés réduisant ainsi fortement l’apport et le support des managers.
Il n’y a donc plus de métier de manager mais plutôt « un rôle
managérial ».
L’entreprise de demain sera une plateforme collective et collaborative … ou ne sera pas !
L’entreprise de demain sera une plateforme collective et collaborative …ou ne sera pas ! Les « ménagers » devront être des facilitateurs de la transformation de l’entreprise et leur posture managériale devra être le coaching en favorisant la prise de risque de leurs collaborateurs. Ils ont le pouvoir d’aider les autres et c’est leur intérêt de le faire car c’est la meilleure façon pour eux de s’aider eux-mêmes.
L’altruisme est la forme intelligente et pertinente de l’individualisme. Ils vont devoir adopter une posture « d’organisation apprenante » en mettant « l’apprenance » au centre de la politique de l’entreprise. Le besoin de formation sera dès lors, exprimé par le collaborateur luimême et déterminé en lien avec son « ménager » qui devient ainsi un facilitateur. Cette « apprenance » permettra d’améliorer les résultats du collaborateur et valorisera sa capacité à inventer son environnement.
Pour y arriver quelques règles sont à respecter :
• une vision partagée pour construire un engagement collectif ;
• un apprentissage en équipe pour que ceux qui travaillent ensemble puissent être en confiance et développer une intelligence
et une compétence collective ;
• une pensée globale pour décrire et comprendre les relations avec l’ensemble des parties prenantes,
• une conscience individuelle pour que chacun mesure l’impact de son action sur la performance de l’ensemble de l’équipe. Ils doivent aussi passer de cadres « dirigeants » à cadres « dérangeants » en favorisant la prise de risque de leurs collaborateurs
et donc en acceptant d’être « dérangés » par leurs erreurs ou leurs échecs.
Mais ils doivent aussi affirmer qu’on n’a pas le droit de faire deux fois la même erreur. Faire deux fois la même erreur c’est n’avoir rien appris de la première et ne pas savoir se remettre en cause, et par ailleurs, il y a tellement d’erreurs à faire que faire deux fois la même c’est manquer singulièrement d’imagination ! Pour finir, un salarié sur deux ne quitte pas son emploi, il quitte son manager ! Pour fidéliser et faire progresser ses collaborateurs, le manager doit devenir un « ménager » : un absorbeur d’inquiétude et un diffuseur de confiance.
Thierry Chamouton